" Aloha From Hell - My Tribute to Lux, Ivy and Elvis" - interview radio "Route 66" sur RDL par David BAERST - aout 2007


Artiste dingue ou doux génie, Gilles FERNANDEZ fête en 2007 ses 30 années de création. Promenant sa dégaine d'iguane vynilique dans un monde où entrent en collision toutes ses sources d'influences (des comics américains aux radio shows déjantés des fifties en passant par la musique et les vieilles séries B made in USA), le bonhomme se plaît à recréer l'histoire du Rock'n'roll dans des oeuvres que l'on pourrait qualifier "d'anticipations-rétrospectives historico-culturelles".Toutes ses idoles y trouvent leur place, comme ce fût le cas du 16 au 19 Août 2007 lorsque Gilles fêta, en grande pompe (avec, comme il se doit, quelques centimètres de talons), son retour sur le devant de la scène à travers l'exposition "Aloha from Hell".Un humble mais réussi hommage à Elvis Presley, histoire de célébrer à sa façon les 30 ans de la disparition du King. De toiles en pensées, de dessins en évocations, de solos de batterie (Gilles est également musicien) en coups de gueule, il faut se dire que Gilles est de retour et que, cette fois-ci, il est prêt à initier toutes les âmes consentantes à son fabuleux voyage.

Présentation...

Ton activité, justement, remonte à 30 ans (1977-2007). Comment t'est venue cette passion pour l'illustration ?J'ai eu un professeur de dessin à Strasbourg. Il était bien implanté dans le milieu Rock'n'Roll. Un jour, à la rentrée 1977, il m'a balancé une pile de magasines sur la table. Certains d'entre eux faisaient référence à la mort d'Elvis (16 août 1977, Nda) d'autres à ce qui se passait à Londres à cette époque (explosion du  Punk, Nda). La même expression du côté sauvage représentée par ces deux mouvements musicaux, à des époques différentes. Il en résulte 30 ans de recherches et de dessins…J'ai essayé de traduire, par l'image, toutes ces émotions.Cette année je fête un double trentenaire. Celui de la mort de Presley et celui de mon démarrage dans l'art graphique, 30 ans…

Puisque, chez toi, l'art graphique est indissociable de l'art musical, peux-tu évoquer tes différentes influences ?Je suis inspiré par tout ce qui touche au Rock'n'Roll et aux autres formes d'art qui existaient aux débuts de celui-ci. Cela peut être les B-movies, le burlesque…Pour les B-movies, il n'y a pas d'artifices, ce n'est pas la peine de rajouter des effets spéciaux…C'est quelque chose de très simple comme regarder, par un trou de serrure, la vie d'un mec profondément étrange. Ceci très rapidement, avec un petit budget, il faut que ça reste spontané…Il ne faut pas que ce soit trop travaillé, trop léché et mort au bout du compte…J'ai aussi des égéries comme Betty Page que j'adore dessiner et Lux et Ivy des Cramps à travers lesquels je dessine d'autres personnages. Tout cela est forcément lié à la musique car pour moi un dessin a le même genre de rythme. On a besoin de l'image pour la musique et réciproquement.Le cheminement est le même lorsque je dessine que lorsque je joue de la musique.La préparation et la restitution ont cette même énergie, cette même urgence et cette même mise en danger…

Quand tu dessines, est-ce toujours sur fond sonore ?Oui, suivant les heures, comme je commence très tôt... J'aime démarrer au lever du jour quand, justement, il n'y a pas de son.Après je m'accompagne musicalement car parfois un extrait de morceau peut me donner une idée pour illustrer. J'ai aussi besoin de rester dans une respiration quand je travaille.C'est, sans doute, pour cela que j'ai des CD parce que ça dure plus longtemps et qu'on n'a pas besoin de les retourner et de continuellement les manipuler. Sinon je reste un irréductible défenseur des disques vinyles bien craquants.

As-tu besoin d'être dans un " cocon " spécial pour créer ?Oh oui…Déjà, il me fallait un endroit isolé où je puisse me protéger.Mon royaume représente 30 ans de " collectionnite " et de récupération. Cela va plus loin que le Musée…C'est plus un Temple car tout revit ici. J'ai besoin de ce visuel pour toujours être en immersion et, surtout, ne jamais être pris en flagrant délit de normalité.Tout ce qui est chez moi anime ce que je fais. A mon avis, un bibelot peut être tout aussi Rock'n'Roll qu'un disque.De plus, si ces objets n'avaient pas été récupérés il seraient morts ou perdus aujourd'hui alors qu'ils peuvent encore servir. De la même manière, en peinture, j'utilise des outils traditionnels qui n'ont pas bougé depuis 2000 ans…Si on avait détruit le passé, je ne vois pas comment on pourrait bosser pour le futur.

Tu as un mode de vie très Rock'n'Roll et pourtant, tu vis dans un endroit très paisible au milieu de la campagne, dans le vignoble alsacien. Comment expliques-tu ce contraste ?C'est nécessaire, pour moi il n'y a pas de contraste, c'est obligé !C'est comme durant une méditation avant un concert. Le côté sauvage, tu peux le retrouver dans sa restitution, pas dans sa composition.

Pour pouvoir composer, j'ai besoin de calme et de retrouver l'instant présent, le ici et le maintenant…Pour cela t'es obligé de te retrouver en pleine nature afin d'éviter de te faire vampiriser.C'est une protection, d'ailleurs Monet disait " L'isolement favorise le talent "

Comment médites-tu ?je médite au lever du jour.J'ai abandonné les bouddhistes, et tous ces illuminés, le jour où on a voulu m'imposer des règles.Moi je veux une méditation sans règle où tu laisses venir les choses, où tu lâches ton mental et tu laisses venir les inspirations. C'est là que tous les esprits viennent et gravitent autour, c'est eux qui m'inspirent…C'est très chamanique comme truc, très natif américain, medecine man etc…C'est pour cela que les rockeurs ne me comprennent pas en général. Surtout quand tu leur dis que tu es punk, hippie, rockabilly, surfer, psychédélique…Tout cela veut dire la même chose mais pas pour eux. C'est la richesse de mon paradoxe…

Pour toi, qu'est-ce qu'être Rock'n'roll ?Pour moi c'est très peu de musique et beaucoup d'un art de vivre…Celui-ci est bâti sur le besoin de faire des expériences et d'aller jusqu'au bout des choses.C'est un art de vivre de tous les jours…Tout cela est devenu très " cliché " car on a fait des compilations avec tout cette culture, des trucs bien rangés et très léchés…C'est pour cela, qu'un jour, je vais peut être décider de me taire…Tout se dira sur le papier…Cet art de vivre il faut le transmettre !C'est une bonne chose d'être Rock'n'roll, ça nous sauverait la planète…Puisqu'on est dans les grandes tirades de réchauffement et autres soyons Rock'n'Roll, ça ira beaucoup plus vite…

Pour l'exposition qui a marqué ton retour " Aloha from Hell " , pourquoi t'es-tu spécialement arrêté aux débuts d'Elvis Presley ?Pour moi 1954 était l'année de démarrage du Rock'n'roll avec tous ces sauvages qui gravitaient autour de chez Sun et de tous ces petits labels. Cette année est symbolique comme la période 1954-1966 que j'évoque. Avec une pointe en 1961 avec ce qui a émergé au cinéma. C'est vrai qu'on pourrait prendre ce qui s'est passé un peu avant et un peu après en allant chercher dans le Blues par exemple.J'ai donc tranché en m'axant sur l'année 1954, en plus c'était dix ans avant ma mort, euh ma naissance.C'est aussi un peu symbolique.

Ce lapsus "dix ans avant ma mort" n'est peut être pas innocent de ta part. Crois-tu en la réincarnation ? (rires) Oui, enfin j'y croyais dans mon ancienne vie, maintenant j'y crois plus trop.Bien que lorsque je me déplace dans certains endroits, aujourd'hui, j'ai franchement conscience que les gens se rendent compte de ma peau verte et de mes antennes.C'est vrai que c'est un lapsus intéressant (rires).On ne peut pas faire autrement que croire en la réincarnation, on ne peut pas nier l'esprit et l'âme…Comme lorsqu'on écoute un vieux 45 tours où on croise l'âme de l'artiste qui l'a gravé.

Elvis est-il mort ?Ah non non non !Beaucoup de gens le croient…Je suis quand même soumis à une certaine réserve mais il y a des gens qui vont être surpris…Il n'est pas mort, c'est pas possible…Quand tu rencontres des gens comme Lux et Ivy (des Cramps, Nda) tu te dis qu'il parle à travers eux, il est toujours là. Il m'est apparu un soir de concert des New-York Dolls, quel merveilleux mariage.Que ce soit Elvis ou Jerry Nolan (batteur des New-York Dolls décédé en 1992, Nda), ces grands-là ne disparaissent pas, leurs esprits restent.Nous avons une putain de mission qui est de transmettre tout ce qu'ils nous ont laissé car c'est trop beau.

Si tu pouvais voyager dans le temps et l'espace et que tu te retrouvais mi-août 1977 à Graceland (la demeure d'Elvis Presley à Memphis, Nda), que dirais-tu au King ?Viens avec nous, ne reste pas là…Ne bouffe pas toutes ces merdes et viens avec nous. On va t'emmener sur la route…Je crois qu'on l'aurait enlevé pour le soustraire à tout cela.En couverture du dernier fanzine " Elvis My Happiness " (revue éditée par le Club français dédié à Presley " Elvis My Happiness ", Nda) il y a la dernière photo connue d'Elvis rentrant dans Graceland à l'arrière de sa voiture.Je me vois traverser et dire à Elvis " Come on, viens on va recommencer un truc"…D.B.- Gilles FERNANDEZ - aout 2007


"Sur les traces de Lux Interior

avec Gilles FERNANDEZ" -Reportage radio "Route 66" sur RDL par D. BAERST - 12 aout 2009

Route 66, sur les traces de Lux Interior avec Gilles FERNANDEZ

Cofondateur (avec son épouse Poison Ivy) du groupe The Cramps, le chanteur Lux Interior est décédé le 4 février 2009 à Glendale, Californie.

A l’instar de John Lydon(leader du groupe Public Image Limited), il était réputé pour sa grande culture musicale et se targuait de posséder l’équivalent d’une maison pleine de vinyles.

Pourtant sa « collectionnite aiguëe » résultait davantage d’une véritable curiosité artistique que d’un simple « effet de manche », destiné à impressionner ses contemporains.

Si le Rock’n’Roll et le Blues n’avaient aucun secret pour lui, Lux était aussi à l’origine d’une contre-culture dont les films de série B et la bande-dessinée sont des composantes essentielles.

Il en résulte une « Cramps attitude », qui survit à son illustre créateur, animée par des dizaines de milliers de fans à travers le monde.

Parmi eux, le peintre et batteur, Gilles FERNANDEZ s’attelle, lui aussi, à garder la flamme allumée. Ne se limitant pas à ses tableaux et à ses fresques, c’est à travers l’émission Route66 qu’il a décidé d’évoquer la fabuleuse toile d’araignée musicale qui constitue les origines mêmes de la musique des Cramps.

C’est ainsi que, pour notre plus grand plaisir, la playlist du 12 août 2009 dévoilait d’ « obscurs » artistes des années 1950 et 60 (aussi talentueux qu’inconnus aux yeux d’un large public). Des personnalités rares et des noms qui font rêver tous les amateurs du genre : One Way Streets, Sid King & the Five Strings, Ronnie Dawson, Vern Pullens, Gene Maltais, Deadly Ones etc…

Un hommage, qui se devait d’exister, rendu avec un minimum d’humilité et un maximum de passion.

D.B.

http://www.youtube.com/watch?v=RFprHNxg8GY

http://www.youtube.com/watch?v=f-hTK8PqkAM

http://www.youtube.com/watch?v=IFHJUQZDlHo


La bio la plus complète et documentée par Alain Feydri"Les Cramps: Pour L'Amour d'Ivy" http://www.camionblanc.com/?p=detail_livre&ID=411

le fanzine indispensable réalisé par des Jolis Monstres"Dig It" n°46 Spécial Cramps http://www.chez.com/digitfanzine


"Gilles Schmidt en pince ô combien "Pour l'Amour d'Ivy" - Reportage radio "Route 66" sur RDL par David BAERST - 22 aout 2012

Le hasard est bien sûr le fruit de deux incertitudes, la cause et la conséquence…Quand il consiste en une expérience spirituelle subjective, il peut aussi se muter et prendre le nom de destin, de fatalité et, pourquoi pas, de providence…

Lorsqu’un jour de 1972, à Los Angeles, un certain Erik Lee Purkhisher prend en auto-stop la jeune et sémillante Kristy Wallace, se doute-il que cet acte si simple et soudain va complètement bouleverser sa vie et la face du rock and roll pour les décennies à venir ?

En tout cas, à bien y réfléchir, on peut facilement en déduire que cette action anodine devait être écrite.

En effet, ces deux collectionneurs avides de vieux 45 tours, de films de séries Z tout aussi obscurs et d’une imagerie glam à la limite du burlesque étaient bien faits pour se rencontrer.

Le tandem, devenu inséparable, déménage quelques années plus tard à New-York et y fréquente la « faune rock‘n’rollesque » locale qui s’active au CBGB. Un club mythique dont les initiales qui lui servent de nom sont liées aux musiques auxquels il était dédié à ses débuts : la country, le blues et le bluegrass. Là, aussi, faut-il parler de hasard ?

Naturellement l’idée de fonder un groupe se concrétise. Ainsi naissent les Cramps (en 1976), authentique machine garage au son si personnel et pourtant marqué aux fer blanc par toutes leurs influences, quelles soient musicales, cinématographiques ou liées à l’univers des comics. Erick Lee Purkhisher devient Lux Interior, alors que Kristy Wallace prend le nom de Poison Ivy…

Jusqu’en 2009, The Cramps donnent des concerts à travers le monde, signent neuf albums (plus deux enregistrements en public) et entrent à leur tour dans la légende. Une légende définitivement associée au nom de Lux Interior depuis un triste jour de février 2009.Date à laquelle il nous quitte, à l’âge de 63 ans, des suites de sévères complications cardiaques.

Aujourd’hui est enfin réédité, au éditions Camion Blanc, l’essentiel ouvrage d’Alain Feydri consacré au fabuleux destin des Cramps. Référence internationale pour tous les fans, le livre (à l’écriture particulièrement soignée) se présente aussi comme une magnifique entrée en la matière pour celles et ceux qui souhaitent découvrir le groupe et met, en règle générale, tous les amateurs de musique d‘accord.

La particularité de ce « retirage » réside également au fait qu’on y retrouve la touche et le coup de pinceau d’un artiste particulièrement apprécié dans Route 66. Il s’agit de Gilles FERNANDEZ, artiste peintre et illustrateur rock reconnu et grand spécialiste du sujet.

C’est donc avec lui, qu’une heure durant, le mercredi 22 août 2012, nous avons remonté le temps afin de suivre le cheminement des Cramps. Une émission, pour la circonstance, spécialement conçue et diffusée en cinémascope et réalisée… « Pour l’Amour d’Ivy ».

D.B.

*Pour L’Amour D’Ivy (auteur : Alain Feydri - illustrations : Gilles FERNANDEZ a.k.a "Slim Gil Deluxe" & Jacques Olivier Leroy - photos : David Arnoff) - Editions Camion Blanc - 468 pages - Prix éditeur : 36 euros

www.camionblanc.com